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Historique et mission de Ripple Labs

Fondée en septembre 2012 sous le nom de OpenCoin à San Francisco, la société a été rebaptisée Ripple Labs en 2013 avant de simplifier son appellation en Ripple en 2015. À l’origine, le projet est né d’une volonté de Chris Larsen et Jed McCaleb (rejoignant le fondateur initial Ryan Fugger) de créer un réseau décentralisé permettant des paiements rapides et à faible coût, tout en s’émancipant des lenteurs et frais de SWIFT. Dès sa création, la société a reçu un cadeau de 80 milliards de XRP (sur un total pré-miné de 100 milliards), placé en partie en escrow pour garantir une émission contrôlée dans le temps.

La mission de Ripple est d’“optimiser l’infrastructure financière mondiale” en proposant une alternative aux systèmes de paiement traditionnels, avec un accent sur la collaboration avec les institutions financières plutôt que la décentralisation totale. En privilégiant des partenariats B2B (banques, prestataires de services de paiement), Ripple vise à réduire le temps de règlement des transactions transfrontalières de plusieurs jours à quelques secondes, tout en diminuant drastiquement les frais.

Logo de Ripple (XRP)
Logo du Ripple (XRP)

Infrastructure technologique : XRP Ledger et produits

L’XRP Ledger (XRPL), version publique lancée en juin 2012, repose sur un mécanisme de consensus reposant sur des nœuds validateurs agréés, qui s’accordent tous les 3 à 5 secondes sur l’ordre et le contenu des transactions . Chaque nœud exécute le même ensemble de règles, garantissant la finalité quasi instantanée des paiements et une immutabilité complète : une fois validée, une transaction devient irréversible et accessible à tous en lecture seule . Ce protocole permet au XRPL de traiter environ 1 500 transactions par seconde, avec des frais de l’ordre de 0,0002 $ par opération, offrant ainsi une scalabilité et des coûts largement inférieurs à ceux des blockchains Proof-of-Work comme Bitcoin ou Ethereum .

Sur cette infrastructure, Ripple a conçu RippleNet, un ensemble de produits permettant aux institutions financières de transmettre des messages de paiement selon la norme ISO 20022 et de réconcilier les transactions en temps réel. Grâce à RippleNet, une banque peut vérifier la liquidité disponible chez sa contrepartie avant de lancer le transfert, ce qui évite la cascade d’intermédiaires et permet de régler un paiement en quelques secondes, tout en conservant un suivi complet du message. En parallèle, le service On-Demand Liquidity (ODL), anciennement appelé xRapid, utilise le XRP comme intermédiaire : pour transférer une devise A en B, une institution vend immédiatement ses fonds en A contre du XRP sur un échange, puis convertit ces XRP en B, le tout en moins de 5 secondes, réduisant drastiquement les coûts de change et la nécessité de préfinancer des comptes locaux.

Pour faciliter le développement d’applications reposant sur XRPL, Ripple propose RippleX (ex-Xpring), un kit de développement (SDK) fournissant des bibliothèques logicielles, des exemples de code et un accès direct à des nœuds du réseau. RippleX permet aux startups et aux entreprises de construire rapidement des portefeuilles, des passerelles de paiement ou même des contrats intelligents via la plate-forme Codius, tout en profitant de l’interopérabilité native avec RippleNet.

Depuis début 2024, Ripple a également lancé Liquidity Hub, une solution qui agrège la liquidité disponible sur plusieurs bourses centralisées (CEX). Cette offre vise à optimiser l’exécution de gros ordres institutionnels en répartissant automatiquement les transactions sur plusieurs plateformes, minimisant ainsi l’impact sur les carnets d’ordres et réduisant les coûts de slippage . Enfin, après la décision favorable dans le procès contre la SEC en janvier 2025, Ripple a introduit RLUSD, un stablecoin réglementé adossé au dollar, émis par une entité conforme et dont les réserves fiat sont conservées dans des institutions traditionnelles. RLUSD est pensé pour offrir aux banques et aux prestataires une alternative stable au XRP en cas d’exigences réglementaires plus strictes, tout en s’appuyant sur l’efficacité du XRPL pour garantir des transferts rapides et peu coûteux.

Services pour institutionnels : paiements transfrontaliers et liquidité

Ripple s’adresse essentiellement aux institutions financières, en proposant d’abord xCurrent, composante historique de RippleNet, qui permet aux banques d’échanger des messages de paiement au format ISO 20022 tout en vérifiant la disponibilité des fonds chez la contrepartie en temps réel. Contrairement aux longs délais du réseau SWIFT, xCurrent garantit un règlement en quelques secondes à peine, car chaque institution est informée instantanément si la contrepartie dispose de la liquidité nécessaire pour finaliser la transaction . Des groupes comme SBI Holdings (avec l’application MoneyTap au Japon) et Santander (via One Pay FX en Europe et en Amérique latine) ont intégré xCurrent pour offrir des paiements plus rapides et traçables à leurs clients.

Dans le domaine de la gestion de liquidité, le service On-Demand Liquidity (ODL) utilise le XRP pour servir de pont entre deux monnaies fiat. Par exemple, pour un transfert USD → PHP, une institution vend des dollars contre des XRP sur une place d’échange, puis échange ces XRP contre des pesos philippins. L’ensemble de l’opération prend moins de cinq secondes, éliminant la nécessité de préfinancer des comptes dans le pays bénéficiaire et réduisant les coûts de change de plusieurs points de pourcentage pour les clients. Des acteurs tels que MoneyGram et SBI Remit utilisent ODL pour leurs transferts de fonds internationaux, indiquant une baisse sensible des frais et des délais par rapport aux méthodes traditionnelles.

Après la décision judiciaire début 2025, Ripple a lancé RLUSD, un stablecoin réglementé adossé au dollar américain, émis par Ripple Europe Ltd avec des réserves fiat conservées dans des banques agréées. RLUSD cible spécifiquement les institutions soumises à des exigences réglementaires strictes, qui nécessitent une stabilité de prix absolue pour leurs transferts transfrontaliers. Grâce au XRPL, RLUSD peut être transféré en quelques secondes pour des frais très bas, tout en respectant des normes KYC/AML embarquées, afin de faciliter l’acceptation par les régulateurs et les banques centrales envisagent même d’expérimenter des MNBC (monnaies numériques de banque centrale) sur XRPL.

Enfin, Ripple fournit aux institutions des API de reporting en temps réel, qui permettent de suivre les flux de trésorerie en XRP ou en RLUSD et de simplifier la réconciliation comptable et le respect des normes réglementaires internationales. Cette combinaison – messagerie interbancaire instantanée, liquidité à la demande et stablecoin conforme – positionne Ripple comme un prestataire de solutions de bout en bout pour les paiements transfrontaliers institutionnels, offrant rapidité, sécurité et conformité.

Partenariats et adoption institutionnelle

Ripple a établi un partenariat avec SBI Ripple Asia, une coentreprise entre SBI Holdings (60 %) et Ripple (40 %), qui regroupe aujourd’hui 61 banques japonaises représentant plus de 80 % des actifs bancaires du pays via l’application MoneyTap pour des paiements domestiques en yen en temps réel. L’application MoneyTap, lancée en mars 2018, permet aux clients de Suruga Bank, SBI Net Sumishin Bank et Resona Bank d’effectuer des virements par QR code ou numéro de téléphone, sans frais, 24 h/24 et 7 j/7.

MoneyTap XRP

En mai 2018, Santander a déployé One Pay FX, la première application mobile de paiements internationaux alimentée par la technologie Ripple (xCurrent), offrant à ses clients en Espagne, au Royaume-Uni, au Brésil et au Mexique la possibilité d’effectuer des transferts en « 3 clics et 40 secondes » via RippleNet. Malgré son infrastructure d’origine xCurrent ne reposant pas directement sur une blockchain, One Pay FX s’appuie sur le réseau Ripple pour optimiser la messagerie interbancaire et accélérer la réconciliation des transactions.

En Inde, SBI Holdings a étendu son adoption avec Kotak Mahindra Bank, Axis Bank et IndusInd Bank qui ont annoncé leur intégration de produits Ripple en 2018 pour améliorer leurs paiements transfrontaliers. Parallèlement, PNC Financial Services, l’une des plus grandes institutions financières américaines, a intégré xCurrent afin de fournir à ses clients des paiements internationaux « sécurisés, en temps réel et à moindre coût ».

MoneyGram a noué un partenariat stratégique avec Ripple en 2019, incluant un investissement de 50 millions $ pour utiliser On-Demand Liquidity (xRapid), exploitant le XRP comme pont de liquidité pour les transferts USD ↔ MXN et USD ↔ EUR ; toutefois, ce partenariat a été suspendu en 2021 en raison des incertitudes réglementaires liées au procès avec la SEC.

Sur le plan réglementaire et géographique, Ripple a obtenu en juin 2023 une licence d’appoint en principe de la Monetary Authority of Singapore (MAS) pour fournir des produits et services relatifs aux jetons de paiement numérique, ouvrant la voie à une adoption réglementée à Singapour. En mai 2023, Ripple a acquis Metaco, un spécialiste suisse de la garde d’actifs numériques, pour 250 millions $, renforçant sa présence en Europe et répondant aux besoins institutionnels de custodie réglementée. Enfin, en avril 2024, malgré des critiques qualifiant Ripple de « crypto zombie » du fait de résultats financiers modestes, l’entreprise a finalisé l’acquisition de Hidden Road pour 1,25 milliard $, visant à intégrer des services post-négociation et à étendre ses capacités de liquidité et de clearing sur l’XRPL.

Cas d’usage concrets et études de cas

L’application MoneyTap illustrant l’usage domestique de RippleNet au Japon a vu près de 600 000 téléchargements et plus de 3 millions de transactions en un an, réduisant le délai moyen de règlement de 24 h (système interbancaire traditionnel) à quelques secondes et éliminant pratiquement les frais. Les banques membres de SBI Ripple Asia ont observé une augmentation de l’adoption numérique, notamment chez les personnes âgées, grâce à la simplicité de l’interface et à l’absence de frais associés.

Chez Santander, l’expérimentation de One Pay FX a permis d’enregistrer un taux de satisfaction client de 85 % pour les paiements transfrontaliers, avec un temps moyen de 40 secondes par transaction en Europe et en Amérique latine, ce qui a considérablement réduit les appels au service client liés aux transferts en attente. L’utilisation d’informations on-chain pour suivre chaque étape du paiement a également renforcé la transparence et diminué les litiges interbancaires.

MoneyGram, après avoir intégré ODL, a rapporté une réduction de 60 % du coût du capital pour certaines corridors de paiement (USD → PHP), avec un volume d’ODL quotidien atteignant 20 millions $ avant la suspension en 2021. Bien que temporairement mis en pause, l’initiative a démontré la viabilité économique de l’utilisation du XRP pour le bridging asset, incitant d’autres remitters à envisager des solutions similaires dès que le cadre réglementaire se clarifierait.

En Europe, l’acquisition de Metaco a été saluée comme un cas d’école d’intégration de garde réglementée et d’innovation blockchain, car Metaco gère plus de $ 20 milliards d’actifs pour des clients institutionnels. Ripple a intégré ces capacités pour offrir un service de custody clé en main à ses clients bancaires, leur permettant de détenir XRP et RLUSD en toute conformité .

L’achat de Hidden Road début 2025 a été présenté comme une avancée majeure pour Ripple, car l’entreprise américaine fournit des services de clearing et settlement aux institutions traditionnelles. En acquérant Hidden Road pour 1,25 milliard $, Ripple a pu proposer une plateforme intégrée couvrant l’ensemble de la chaîne post-négociation (matching, clearing, settlement) sur l’XRPL, un pas clé pour convaincre les hedge funds et courtiers d’adopter XRP pour leurs activités de trading.

Voir aussi : Le BONK : Le memecoin Populaire de Solana

Enjeux réglementaires et perspectives d’avenir

Le procès SEC vs Ripple, initié en décembre 2020, portait sur la qualification d’XRP comme titre financier (security) ; en janvier 2025, une décision partiellement favorable a statué que la vente institutionnelle d’XRP n’était pas un titre, tout en maintenant des restrictions sur les distributions publiques. Ripple a payé une amende de 100 millions $ et s’est engagée à renforcer ses politiques KYC/AML, fournissant ainsi une certitude juridique pour relancer ses activités institutionnelles aux États-Unis et à l’international .

Cependant, SWIFT GPI (Global Payments Innovation) reste un concurrent majeur : bien qu’il ait amélioré les paiements transfrontaliers (temps de règlement moyen de 24 h et suivi en temps réel), il ne propose pas la liquidité à la demande ni l’option d’éviter totalement le préfinancement. Pour contrer cette concurrence, Ripple développe l’XRPL 2.0, intégrant des smart contracts natifs via les Hooks, afin de prendre en charge de nouveaux modèles de tokenisation d’actifs (titres, obligations tokenisées) et de renforcer l’interopérabilité cross-chain avec Ethereum et d’autres réseaux.

L’essor des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) représente une opportunité mais aussi un défi : si plusieurs banques centrales (Banque d’Angleterre, Banque du Canada) expérimentent des MNBC sur des réseaux permissionnés, XRPL peut servir de rails complémentaires pour des corridors internationaux, à condition de satisfaire aux exigences de confidentialité et de résilience. Ripple collabore déjà avec des banques centrales en Australie et aux Émirats arabes unis pour explorer ces cas d’usage, en fournissant une infrastructure open-ledger plus transparente que les réseaux bancaires privés traditionnels.

Du côté des régulateurs, l’Union européenne travaille sur un cadre réglementaire MiCA 2.0, qui pourrait classer les stablecoins réglementés comme RLUSD comme des “instruments de paiement électroniques” à condition d’états financiers auditables, profitant ainsi à Ripple en lui offrant un environnement juridique clair pour développer son stablecoin et ses services DeFi pour institutions.

Pour l’avenir, Ripple mise sur l’expansion de RippleNet dans les marchés émergents (Amérique latine, Afrique), là où les coûts de transfert traditionnels restent élevés (supérieurs à 6 % du montant transféré). En s’appuyant sur ODL et RLUSD, Ripple vise à devenir le principal fournisseur de liquidité pour les corridors USD ↔ BRL, USD ↔ NGN et USD ↔ COP, en collaborant avec des remitters locaux et des banques régionales. Enfin, la tokenisation des actifs traditionnels (immobilier, matières premières) sur l’XRPL pourrait créer de nouvelles sources de revenus institutionnels, positionnant Ripple non plus seulement comme un « paiements network » mais comme une plateforme d’infrastructure financière globale.

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