Entre le 1er et le 21 avril 2025, l’euro s’est apprécié de 7,40 % face au dollar américain, franchissant une barre symbolique au-delà de 1,10 USD pour 1 euro. Cette progression spectaculaire ne traduit pas tant la vigueur de l’économie européenne que la fragilisation du billet vert ; il est donc crucial de distinguer ce qui relève d’une véritable amélioration du pouvoir d’achat français et ce qui tient avant tout à la perte de confiance envers le dollar.
Comprendre les ressorts de la montée de l’euro
La première explication réside dans les tensions commerciales déclenchées par une série de décrets et de droits de douane récemment imposés par Washington, qui ont érodé la réputation du dollar comme valeur refuge. Parallèlement, la divergence des politiques monétaires entre la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne a joué un rôle majeur : alors que la Fed maintient ses taux élevés pour juguler l’inflation, la BCE, plus prudente face au ralentissement de la croissance en zone euro, a entamé un cycle de désescalade monétaire, rendant l’euro plus attractif pour les investisseurs internationaux. Enfin, les indicateurs macroéconomiques récents montrent une inflation américaine toujours haut perchée, contrastant avec la décrue progressive des prix à la consommation dans l’Union européenne.

Des effets tangibles… mais nuancés, pour le quotidien des Français
Pour le consommateur français, la baisse du dollar se traduit tout d’abord par un allègement de la facture énergétique. Le prix du pétrole, libellé en dollars, s’est inscrit en légère baisse, entraînant une diminution visible des tarifs à la pompe. Sur les produits importés, l’impact est plus diffus : les coûts de transport et de matières premières en provenance de pays dollars-dépendants diminuent, mais cet effet n’est pour l’instant que marginalement ressenti dans les rayons. En revanche, les exportateurs hexagonaux pourraient voir leur compétitivité se réduire, car un euro fort renchérit le prix de leurs biens à l’étranger. À l’inverse, les Français voyageant aux États-Unis bénéficient d’un pouvoir d’achat supplémentaire : un repas ou une nuit d’hôtel leur coûte désormais moins cher en euros.
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Conseils pour épargnants et entreprises
Dans ce contexte, il est essentiel d’adapter sa stratégie financière. Les ménages fortement exposés aux importations, par exemple pour l’achat de matériel électronique ou de fournitures professionnelles, peuvent profiter du taux de change pour renégocier leurs contrats ou envisager des achats programmés. Les entreprises exportatrices, quant à elles, auront intérêt à recourir à des couvertures de change (forwards ou options) pour limiter le risque lié à la volatilité du dollar. Enfin, pour les épargnants, la période peut représenter une opportunité pour diversifier son portefeuille avec une poche en devises étrangères ou, pour les plus avertis, explorer des actifs alternatifs comme les stablecoins indexés sur l’euro, offrant une exposition plus équilibrée entre les deux monnaies.