En 2017, la Bulgarie a réalisé l’une des plus importantes saisies de crypto-actifs jamais effectuées par un État. Plus de 213 000 bitcoins, confisqués dans le cadre d’une opération anticorruption, se sont retrouvés entre les mains des autorités. À cette époque, la valeur de cette réserve était déjà considérable, mais rien à voir avec les sommets atteints depuis. Aujourd’hui, avec un Bitcoin dépassant les 60 000 dollars, cette fortune numérique aurait pu suffire à rembourser la totalité de la dette publique du pays. Pourtant, cette opportunité historique a été gâchée par un manque de vision et de transparence.
Une saisie record et un potentiel économique colossal
L’affaire remonte à mai 2017, lorsque les services de lutte contre le crime organisé bulgares réussissent à démanteler un réseau impliqué dans des détournements douaniers. À l’issue de cette opération, ce ne sont pas des biens immobiliers ni des comptes bancaires qui sont confisqués, mais 213 519 bitcoins, dissimulés par les cybercriminels. À l’époque, le BTC valait environ 2 400 dollars, ce qui portait la valeur du butin à plus de 500 millions de dollars.
Mais si la Bulgarie avait conservé cette réserve, elle aurait vu sa valeur exploser au fil des années. À plus de 60 000 dollars par unité, ces bitcoins valent aujourd’hui plus de 13 milliards de dollars. Or, la dette publique de la Bulgarie en 2025 avoisine les 12,5 milliards. Autrement dit, le pays aurait pu devenir virtuellement libre de dette, voire détenir un excédent monumental.
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Une gestion opaque et des choix stratégiques discutables
Malheureusement, la suite de l’histoire est marquée par le silence des autorités bulgares. Pendant des années, aucun rapport officiel n’indique ce qu’il est advenu des bitcoins saisis. Certaines sources évoquent une revente partielle ou totale en 2018, alors que le prix du BTC n’était encore que de 8 000 à 10 000 dollars. Si cette vente a bien eu lieu, cela signifie que l’État aurait récolté au mieux 2 milliards de dollars, soit cinq à six fois moins que ce qu’il aurait pu obtenir en 2025.
Cette absence de transparence, combinée à un manque flagrant de stratégie à long terme, est aujourd’hui vivement critiquée. D’autant que d’autres pays comme El Salvador ont montré qu’une politique crypto ambitieuse pouvait porter ses fruits. Le cas bulgare reste donc un exemple frappant de gestion à courte vue, dans un secteur où la patience et la vision paient.
Un rendez-vous manqué avec l’histoire économique du pays
La possibilité pour un État d’effacer sa dette grâce à des cryptomonnaies peut sembler utopique, mais la Bulgarie en a eu les moyens. En vendant trop tôt, sans communication claire ni plan d’investissement, elle a laissé filer une opportunité historique unique. Ce n’est pas seulement une erreur de calcul financier, c’est un signal envoyé à tous les gouvernements que les actifs numériques ne sont plus un sujet secondaire, mais bien des leviers géopolitiques et macroéconomiques à part entière.
Au lieu de devenir une référence en matière de souveraineté financière via le Bitcoin, la Bulgarie est aujourd’hui étudiée comme un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire. Un récit qui renforce l’idée que la crypto, mal comprise ou sous-estimée, peut transformer, ou manquer, le destin d’un pays.
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