Le standard ERC‑20 (Ethereum Request for Comment 20), proposé en 2015 et standardisé en 2017, est devenu le socle de la tokenisation sur Ethereum. Grâce à un ensemble commun de règles, il permet à tout jeton fongible d’être reconnu et manipulé par l’ensemble des wallets, échanges et applications décentralisées de l’écosystème.
Un cadre technique simple et universel
Le standard ERC‑20 repose sur un ensemble bien défini de fonctions et d’événements, garantissant une compatibilité totale entre tokens, portefeuilles et applications décentralisées. Ce schéma normalisé, volontairement concis, repose sur six fonctions essentielles :
totalSupply()
: retourne le nombre total de jetons en circulation.balanceOf(address owner)
: indique le solde détenu par une adresse spécifique.transfer(address to, uint256 value)
: permet d’envoyer des jetons d’une adresse à une autre.approve(address spender, uint256 value)
: autorise un tiers (contrat ou adresse) à dépenser une certaine quantité de jetons.transferFrom(address from, address to, uint256 value)
: autorise un tiers à transférer des jetons au nom du détenteur, tant que cette autorisation est accordée.allowance(address owner, address spender)
: affiche combien un “spender” est encore autorisé à dépenser.
Ces fonctions sont systématiquement associées à deux événements cruciaux :
Transfer(from, to, value)
: déclenché à chaque transfert de jetons, y compris les transferts nuls. Il garantit un suivi transparent des mouvements d’ERC‑20 sur la blockchain.Approval(owner, spender, value)
: émis lors de l’exécution d’une fonctionapprove
, il permet de reconstituer les droits accordés à chaque portefeuille.
Ces fondamentaux assurent que tout token conforme est automatiquement reconnu par les wallets, exchanges et smart contracts, sans adaptation préalable. Le travail initial des développeurs consiste simplement à implémenter cette interface, en y ajoutant parfois les fonctions facultatives :
name()
,symbol()
etdecimals()
: pour améliorer l’expérience utilisateur via des noms et unités explicites.
La simplicité de ce cadre technique permet à chacun de créer un jeton ERC‑20 en quelques lignes de Solidity.
Quelques jetons emblématiques
Parmi les applications concrètes de l’ERC‑20, on trouve :
- Stablecoins : USDT, USDC, DAI — piliers de la DeFi
- Protocoles DeFi : LINK (Chainlink), UNI (Uniswap), AAVE, MKR
- Tokens puissants : WBTC (Bitcoin encapsulé), stETH (staking ETH)
- Cas plus originaux : Golem (GNT), Basic Attention Token (BAT), Shiba Inu (SHIB)
En tout, on dénombre des centaines de milliers de tokens ERC‑20, utilisés comme monnaie, droit de vote, outil de liquidité, ou instrument de finance décentralisée.
Suivre les tokens avec Etherscan
Etherscan est le « block explorer » de référence sur Ethereum. Il permet de comprendre et contrôler la vie d’un token ERC‑20 à travers plusieurs fonctionnalités essentielles :
- Recherche par adresse de contrat
En saisissant l’adresse du smart contract (par exemple, celle d’USDT), Etherscan affiche instantanément des données clés : totalSupply, décimales, symboles, plus les fonctions et événements disponibles. Cela permet de vérifier la légitimité d’un token. - Token Tracker
Ces pages offrent un tableau de bord complet : historiques de prix, volume de transactions, nombre de détenteurs, analyses de concentration des tokens, etc. Elles facilitent la surveillance d’un jeton, sa distribution et sa sécurité. - Transactions et événements
Chaque transfert fait l’objet d’un événementTransfer
. Etherscan liste de manière chronologique tous les mouvements liés à ce token : quantités, adresses expéditrices/destinataires et horodatages.
Pour un investisseur, cela signifie : suivre un airdrop, détecter une vente massive, ou vérifier un héritage de monnaies. - Analyse d’adresses individuelles
En collant une adresse ETH, Etherscan renvoie le solde en ETH et tous les tokens ERC‑20 associés, grâce au suivi de ces événements. Cela permet de visualiser en un coup d’œil la composition d’un portefeuille.
Grâce à ces outils, Etherscan permet à chacun de vérifier la provenance d’un token, d’identifier les principaux détenteurs et de s’assurer que tout se passe de manière transparente.
Voir aussi : Qu’est-ce que le Wrapped Bitcoin (WBTC) et comment fonctionne-t-il ?
Wallets compatibles et gestion des tokens ERC‑20
Pour exploiter pleinement les tokens ERC‑20, il est essentiel de choisir un wallet adapté. Voici les meilleures options :
Portefeuilles logiciels (hot wallets)
- MetaMask (extension, mobile)
Leader incontesté pour interagir avec Ethereum et les tokens ERC‑20. Il offre une intégration fluide avec les dApps et une gestion automatisée des tokens visibles. - Trust Wallet (mobile)
Propose un support multi-chaînes, un accès direct aux DEX, mining et staking, tout en affichant facilement les tokens ERC‑20. - Exodus (desktop & mobile)
Interface soignée, compatibilité ERC‑20, intégration hardware et achats en fiat, idéale pour les détenteurs mobiles.
Portefeuilles matériels (cold wallets)
- Ledger Nano X/S et Trezor Model T / Safe 5
Les incontournables pour sécuriser les clés privées hors ligne tout en conservant l’accès Ethereum/ERC‑20 via leurs apps propriétaires ou MetaMask. - Tangem (smartcard NFC)
Format carte bancaire ultra sécurisé, reconnu pour sa simplicité d’utilisation et sa compatibilité étendue avec les tokens ERC‑20.
Autres options notables
- Coinbase Wallet, Rabby, Zengo, OKX Wallet…
Ces portefeuilles ajoutent souvent des fonctionnalités comme le swap intégré, l’accès aux NFTs ou multiples chaînes compatibles.
Sélection du bon wallet selon ton profil
Profil utilisateur | Choix recommandé | Pourquoi |
---|---|---|
Débutant | Coinbase Wallet, MetaMask | Interface simple et intégration DeFi |
Sécurité et hardware | Ledger, Trezor, Tangem | Clés hors ligne, protection maximale |
Mobile & DeFi | Trust Wallet, Exodus | Gestion multi-actifs, swap intégrée |
Multi chaîne + NFTs | Rabby, OKX Wallet, Zengo | Polyvalence et compatibilité Web3 |
Applications et exemples pratiques de tokens ERC‑20
Les tokens ERC‑20 sont aujourd’hui omniprésents dans l’écosystème Web3, avec des applications concrètes dans la DeFi, les stablecoins, la gouvernance, les jeux blockchain, l’énergie et les programmes de fidélité divers.
Stablecoins : une utilité au quotidien
Les stablecoins ont été l’une des premières utilisations majeures des tokens ERC‑20. USDT (Tether), USDC (USD Coin) et DAI sont des tokens indexés sur le dollar, largement utilisés comme réserve de valeur stable, moyen d’échange et base pour les plateformes DeFi. USDC, lancé en 2018, dépasse aujourd’hui les 55 G $ de capitalisation sur Ethereum. Leur fiabilité et compatibilité avec les wallets font d’eux la colonne vertébrale de la finance décentralisée.
Finance décentralisée (DeFi) : prêt, emprunt, liquidité
Sur des plateformes comme Aave, Compound ou MakerDAO, les ERC‑20 remplissent plusieurs rôles cruciaux :
- Collatéral pour emprunter : déposer DAI, ETH ou LINK permet de sécuriser des prêts.
- Fourniture de liquidité : dans les pools d’Uniswap ou Sushiswap, les utilisateurs déposent des paires d’ERC‑20 pour faciliter les échanges et gagner des frais.
- Gouvernance : les tokens comme MKR chez MakerDAO ou UNI chez Uniswap donnent droit au vote sur les orientations du protocole.
Ces fonctionnalités illustrent la puissance des ERC‑20 pour recréer les services financiers traditionnels de façon décentralisée.
Jeux et économies virtuelles
De nombreux jeux blockchain utilisent les ERC‑20 pour gérer leur économie interne. Par exemple, les développeurs peuvent créer des tokens représentant des points de jeu, des récompenses ou des monnaies internes. Certains jeux offrent même des interactions entre DeFi et gaming via yield farming intégré.
Gouvernance et participation communautaire
Les tokens ERC‑20 servent également à fédérer des communautés autour de projets. Les détenteurs de tokens comme MKR (MakerDAO), COMP (Compound) ou UNI (Uniswap) peuvent voter sur les paramètres, la distribution des fonds, ou les évolutions de protocoles. Cela transforme chaque détenteur en un acteur à part entière du projet.
Tokenisation d’actifs et cas spécifiques
Au-delà des stablecoins et DeFi, les tokens ERC‑20 permettent de :
- Fractionner des biens réels : immobilier, actions, œuvres d’art.
- Tokeniser l’énergie : des projets exploratoires utilisent des ERC‑20 « lockables » pour le trading P2P de surplus d’énergie.
- Fidélisation : marques et services peuvent créer des tokens de récompense, échangeables contre des avantages ou services.
Questions fréquentes sur la norme ERC‑20
Voici une sélection de questions que se posent les personnes au sujet de la norme ERC-20.
Quelle différence entre ETH et un token ERC‑20 ?
ETH est la cryptomonnaie native d’Ethereum, utilisée pour payer le gas et sécuriser le réseau. Un token ERC‑20 est un actif numérique créé via un smart contract sur Ethereum, respectant un standard spécifique pour faciliter son intégration dans l’écosystème.
Peut-on annuler un transfert ERC‑20 ?
Non. Comme pour toute transaction blockchain, une fois confirmée, elle est irréversible. Une mauvaise adresse ou un contrat non adapté signifie souvent perte définitive des tokens.
Tous les tokens ERC‑20 sont-ils fiables ?
Pas toujours. Certains ne respectent pas le standard strict, causant des problèmes d’affichage ou de fonctionnalité sur Etherscan. Il faut donc toujours vérifier l’adresse du contrat et la conformité du token.
Existe-t-il des améliorations après ERC‑20 ?
Oui. Des alternatives comme ERC‑223 (pour éviter les pertes accidentelles), ERC‑777 (plus flexible et sûr), et ERC‑1363 (avec transferts + call) cherchent à corriger les failles de l’ERC‑20.
Existe-t-il des inconvénients aux tokens ERC20 ?
Les tokens ERC20 présentent de nombreux avantages, mais aussi quelques inconvénients :
- Standardisation imparfaite : Même si ERC‑20 décrit des fonctions de base, les contrats peuvent être implémentés de manières différentes. Cela peut créer des incompatibilités ou des comportements inattendus, notamment lors d’interactions avec des smart contracts tiers.
- Vulnérabilités techniques sensibles : Le modèle
approve
/transferFrom
, sans gestion des erreurs, permet parfois des attaques (front‑running, retrait non autorisé), et des erreurs non gérées peuvent conduire à des pertes d’actifs – un exemple documenté a déjà coûté plusieurs dizaines de millions de dollars.
- Congestion du réseau : Dépendant du réseau Ethereum, les tokens ERC‑20 subissent à plein les conséquences des périodes de trafic élevé : frais de gas élevés, délais de confirmation prolongés, rendant l’usage coûteux pour les micropaiements.
- Transactions irréversibles : Une fois qu’un transfert est validé, il ne peut plus être annulé. Envoyer un token à une mauvaise adresse ou à un smart contract non compatible conduit souvent à une perte définitive.
- Risques de perte en cas d’erreur : Les jetons envoyés vers des adresses incompatible restent bloqués à jamais. Selon les rapports, plusieurs millions de dollars de tokens ont déjà été perdus de cette manière.
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