Au deuxième trimestre 2025, le secteur Web3 a connu une récolte record en matière de financement, levant pas moins de 9,6 milliards de dollars malgré une diminution notable du nombre de transactions. Ce contraste révèle un virage vers un modèle d’investissement plus sélectif et stratégique avec moins d’accords, mais des sommes plus importantes destinées à des projets à fort potentiel de stabilité et de croissance. Cette dynamique marque une étape cruciale dans la maturation de l’écosystème Web3.
Un virage stratégique dans les investissements
Les investisseurs privilégient désormais des paris à haute conviction, concentrant leurs capitaux sur un nombre restreint d’acteurs jugés à la fois solides techniquement et prometteurs stratégiquement. La taille médiane des levées, que ce soit en Series A ou en seed, a augmenté de façon notable, preuve que l’attention se focalise sur les projets à fort potentiel de durabilité. Loin des levées dispersées, la tendance est à l’approfondissement des engagements, visant à soutenir la véritable consolidation et la pérennité.
L’infrastructure, colonne vertébrale du Web3
Le deuxième trimestre 2025 confirme que les capitaux affluent prioritairement vers les projets d’infrastructure, incarnant la base technique sur laquelle repose l’avenir du Web3. Des domaines comme la liquidité pour validateurs, les rollups ou encore les réseaux de calcul décentralisé (compute networks) ont absorbé l’essentiel des financements, avec des tickets atteignant des ordres de grandeur allant de 70 à 112 millions de dollars, bien au‑delà des levées dans les secteurs orientés grand public.
Cette concentration de capitaux montre que les investisseurs ne cherchent plus à multiplier les paris superficiels, mais investissent de manière ciblée dans les infrastructures critiques, essentielles à la montée en échelle et à la robustesse du réseau. En misant sur des rollups à modularité avancée ou sur des outils de validation distribués, ils priorisent les briques susceptibles d’assurer la scalabilité, la sécurité et la pérennité des systèmes décentralisés.
Contraste saisissant entre tokens privés et publics
Le second trimestre fait également apparaître une rupture nette dans la manière dont les tokens sont financés. Les levées privées de tokens ont atteint un niveau record pour l’ère post‑2021, avec 410 millions de dollars levés via seulement 15 transactions, représentant des montants moyens considérables, autour de 29,3 millions par opération. Ces opérations privées ne visent ni à générer du buzz, ni à attirer des foules, mais à consolider des alliances stratégiques, renforcer la liquidité des structures de gouvernance ou soutenir les trésoreries de couches complémentaires comme les rollups ou les plateformes L2.
À l’opposé, les ventes publiques de tokens ont subi un effondrement. Seulement 35 transactions conclues pour un total de 134 millions de dollars, soit une chute de 83 % du volume par rapport au trimestre précédent, avec des montants médians divisés par deux. Ce retrait brutal du financement grand public illustre une désaffection des financements spéculatifs, jugés désormais trop risqués ou malvenus dans un contexte où la priorité est donnée à la durabilité et à l’efficacité.
Vers une approche pragmatique et durable
En amplifiant ces deux volets, on perçoit que les investisseurs privilégient l’exécution discrète, les alliances solides et la construction d’un socle technique fiable, plutôt que les coups médiatiques ou les levées à effet d’annonce. Le Web3 s’incarne désormais comme un chantier en profondeur, centré sur les briques fondamentales qui permettront d’envisager une adoption à grande échelle, et de longue durée.
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