Longtemps méfiants vis-à-vis des cryptomonnaies, les États-Unis semblent aujourd’hui enclins à adopter une approche plus stratégique, voire opportuniste, vis-à-vis des stablecoins. Derrière les discours officiels sur la sécurité financière et l’innovation, une réalité géopolitique se dessine. Et si les stablecoins étaient la clé pour préserver la domination du dollar face aux menaces venues de Chine, du Moyen-Orient ou de la dédollarisation progressive des échanges mondiaux ? Au-delà de leur usage dans la DeFi, ces actifs numériques pourraient bien devenir un levier géopolitique majeur.
La montée des stablecoins et la menace d’une finance multipolaire
Le marché des stablecoins a explosé ces dernières années, avec des milliards de dollars de transactions quotidiennes. Utilisés dans la finance décentralisée, les paiements transfrontaliers et les écosystèmes crypto, ils apportent une stabilité précieuse dans un univers volatil. La majorité de ces stablecoins, comme l’USDT de Tether ou l’USDC de Circle, sont adossés au dollar américain. Pourtant, leur usage dépasse désormais les frontières de l’écosystème crypto et commence à séduire les marchés émergents, où la monnaie locale est instable.
Dans ce contexte, les États-Unis voient émerger une inquiétude. La domination du dollar est-elle en danger face à l’expansion de monnaies alternatives (yuan numérique, cryptoactifs souverains) ? Le recours aux stablecoins adossés au dollar pourrait alors être vu non comme une menace, mais comme un outil d’influence monétaire.
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Les stablecoins comme cheval de Troie du dollar dans l’économie numérique
Plutôt que de combattre les stablecoins, certains stratèges américains y voient une opportunité d’imposer le dollar dans le Web3 et les futurs réseaux financiers globaux. Ces actifs numériques peuvent, en effet, maintenir la demande mondiale pour le billet vert, même dans un monde de plus en plus décentralisé.
À travers USDC notamment, émis par une entreprise basée aux États-Unis et soumise à la régulation américaine, Washington peut conserver une forme de contrôle indirect. Chaque transaction en USDC dans un pays tiers est une manière de réaffirmer la centralité du dollar, sans avoir à imposer de sanctions ou de politiques agressives. Cette stratégie douce pourrait s’avérer plus efficace que les tentatives classiques de domination économique.
Réglementer pour mieux dominer : vers un encadrement stratégique des stablecoins
Le Congrès américain s’est récemment montré favorable à un encadrement spécifique des stablecoins, à condition qu’ils soient émis par des entités agréées et adossés à des réserves solides. Ce cadre pourrait permettre de légitimer certains acteurs comme Circle, tout en écartant les émetteurs étrangers ou jugés trop opaques, comme Tether.
Derrière cette régulation, c’est une stratégie plus vaste qui se profile : faire des stablecoins un prolongement numérique du dollar, capable de concurrencer le yuan numérique ou d’autres CBDC étrangères. En normalisant leur usage à l’échelle mondiale, les États-Unis cherchent à s’imposer comme l’architecte du futur système monétaire international, un système toujours centré sur le dollar, mais sous une nouvelle forme.
Les stablecoins ne sont plus de simples outils techniques pour la crypto. Ils deviennent des instruments géopolitiques, porteurs d’enjeux économiques et stratégiques majeurs. Dans cette bataille monétaire du XXIe siècle, les États-Unis semblent avoir trouvé une nouvelle arme, celle de transformer l’innovation crypto en levier d’influence pour prolonger l’hégémonie du roi dollar.
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