Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

La ville de Détroit a lancé début juillet 2025 la plus importante plainte pour nuisance jamais enregistrée dans son histoire, visant RealT et ses quelque 400 biens immobiliers fractionnés via tokens, accusés de conditions dangereuses et de négligence généralisée. Cette action juridique met en lumière les limites de la tokenisation : si elle facilite l’accès à l’investissement immobilier, elle peut aussi compliquer la responsabilité et l’entretien des logements. Face à ces enjeux, Détroit exige la réparation des habitations jugées « incontestablement nocives pour la santé » et réclame près de 500 000 $ de contraventions, tout en appelant à une supervision judiciaire renforcée.

Une plainte historique contre RealT

Détroit a déposé le 2 juillet 2025 un recours en abatement de nuisance contre RealToken, la maison mère de RealT, ses fondateurs et 165 sociétés affiliées, couvrant au total plus de 400 propriétés accusées de violer les normes sanitaires et de sécurité de la ville. Le procès, qualifié de « plus grand jamais intenté », vise à contraindre RealT à remettre chaque bien en conformité ou à réparer les dommages, sous peine de lourdes amendes journalières. Le conseil municipal pointe une stratégie d’évasion de responsabilité : RealT opère via un réseau complexe de LLC, rendant difficile la localisation des véritables responsables des manquements.

Le fondateur de RealT Platform, une entreprise locale, est poursuivi par la ville de Detroit pour de multiples infractions découvertes lors d’une enquête menée par Outlier Media. La carte ci-dessous présente l’ensemble des propriétés ayant enfreint la réglementation, classées par ordre de priorité. Les violations vont de problèmes administratifs à des risques graves pour la sécurité et des situations d’urgence.

Carte des biens immobiliers de RealT mis en cause à Détroit
Carte des biens immobiliers de RealT mis en cause à Détroit

Quand la tokenisation révèle ses failles

En tokenisant les propriétés, RealT permet à des centaines d’investisseurs de détenir des fractions de logements via la blockchain, promettant transparence et liquidité. Toutefois, ce modèle de « fractionnement » complique l’entretien : des propriétaires disséminés à travers le globe ont peu d’incitation à financer les réparations urgentes. Selon la plainte, 53 biens sont jugés « incontestablement nocifs pour la santé », exposant les locataires à des risques sanitaires graves. Cette situation illustre une paradoxale vulnérabilité : à force de numériser l’actif, on dématérialise aussi les devoirs de gestion et de maintenance, nécessitant un cadre réglementaire et contractuel plus robuste.

Voir aussi : American Bitcoin lève 220 M$ pour étendre son minage

Enjeux et perspectives pour l’immobilier tokenisé

Cette affaire pourrait provoquer un électrochoc dans le secteur des RWA (actifs du monde réel) blockchain : les plateformes devront renforcer leurs mécanismes de conformité et de contrôle opérationnel, sous peine de poursuites analogues dans d’autres villes. Au-delà des sanctions immédiates, la jurisprudence à venir définira la responsabilité des émetteurs de tokens immobiliers, incitant sans doute à la mise en place de garants ou de fonds de réserve dédiés aux réparations. Enfin, pour regagner la confiance des investisseurs et des clients, les acteurs de la tokenisation devront démontrer qu’ils peuvent garantir non seulement la liquidité mais aussi la qualité et la sécurité des actifs sous-jacents.